La Région de Bruxelles-Capitale a dévoilé ce mardi 12 octobre 2021, en compagnie des bourgmestres de la Ville de Bruxelles et de la commune de Molenbeek Saint-Jean, Philippe Close et Catherine Moureaux, le projet de futur Centre Intégré pour usagers de drogues en grande précarité.
Construit aux abords du canal, en face de Tour et Taxis à l’horizon 2026, il sera financé à hauteur de 12,3 millions d’euros dans le cadre d’une subvention régionale pour le Centre intégré et pour les aménagements réservés au Port de Bruxelles. Bruxelles Prévention et Sécurité (BPS) supervise la conception et la définition des missions opérationnelles du centre en s’appuyant sur l’expertise de l’opérateur régional en matière d’assuétudes, à savoir l’asbl Transit.
Ce nouveau bâtiment sera érigé au 55 Avenue du Port, à côté du siège du Port de Bruxelles.
Un dispositif innovant de cohésion sociale, au bénéfice des publics fragilisés comme du quartier
La Région prévoit l’ouverture du Centre Intégré pour usagers de drogues en grande précarité en 2026. Cette étape est la première d’un long parcours jusqu’à l’inauguration du bâtiment. Son intégration à la vie du quartier constitue un point particulier d’attention de la part des autorités.
L’aboutissement du projet sera donc précédé d’un processus d’information étendu auprès des riverains et des acteurs clefs du quartier (acteurs locaux, associations, …) qui offre la possibilité d’échanger sur le long terme, de façon régulière. Dans ce cadre, les partenaires du projet, les acteurs du champ sanitaire et du champ de la prévention et de la sécurité (gardiens de la paix, police, justice, gardiens de parc, médecins, psychologues, travailleurs de rue, etc.) travaillent en convergence pour organiser et soutenir ce processus.
Un dispositif innovant d’accueil et de soins intégrés en matière d’assuétudes
Muriel Goessens, Directrice générale de l’asbl Transit, explique la raison sociale du futur dispositif : « Depuis 1995, l’asbl Transit assure un accueil inconditionnel unique en Région de Bruxelles-Capitale au travers d’un centre spécialisé, de crise et d’hébergement, accessible 7J/7 – 24h/24, destiné aux personnes dépendantes aux drogues licites et/ou illicites. L’asbl, désignée « opérateur » du Centre intégré, constate une croissance importante du nombre de bénéficiaires de ses services, une diversification des publics, de leurs besoins avec en filigrane des contraintes liées à un manque d’espace nécessaire pour répondre à l’ensemble des demandes. Dans un tel contexte, l’initiative régionale de Centre intégré (CI) constitue une formidable opportunité pour compléter l’offre de soins existante, pour renforcer la capacité d’accueil, de logement, pour innover et pour répondre aux défis contemporains de l’usage de drogues mais aussi de la précarité.
En proposant des services adaptés à chaque besoin, à chaque situation, le nouveau dispositif visera à offrir un accès universel à la santé selon une logique graduelle, en partant du plus bas seuil. L’ensemble des services qui seront déployés au sein du Centre intégré suivra cette ambition pour correspondre aux besoins très hétérogènes des publics en situation de vulnérabilité et qui malheureusement aujourd’hui encore peuvent faire l’objet de discrimination quant à l’accès aux services de santé conventionnés, notamment parce qu’une part de ce public ne jouit pas d’une couverture sociale.
On dit du futur centre qu’il est intégré parce qu’il conçoit la santé dans sa globalité, en agissant sur l’ensemble de ses déterminants, pas seulement sur les symptômes de la maladie ou du mal être, mais également sur les facteurs qui les conditionnent. Ils peuvent être d’ordre socio-économique, culturels, environnementaux, contextuels, … En ce sens, il offrira une palette de soins pluridisciplinaires partagée entre trois partenaires spécialisés, le Projet Lama pour ce qui concerne l’induction et le suivi des traitements de substitution, Médecins du Monde pour ce qui concerne la médecine générale et Transit pour l’accompagnement psycho-social, la pair-aidance, le travail de rue, la réinsertion professionnelle, l’hébergement, l’approche genrée, les activités communautaires, … Outre œuvrer pour un accès universel à la santé, le Centre intégré devra aussi produire de la connaissance. Il se positionnera comme Centre de référence, comme une sorte de laboratoire de l’expertise, du savoir-faire et de l’innovation en matière d’assuétudes en parfaite symbiose avec les missions de Bruxelles Prévention Sécurité. »