L’Observatoire bruxellois pour la Prévention et la Sécurité présente ce cahier thématique « hors-série », marquant l’ouverture d’un espace de publication aux partenaires-clés de BPS pour la diffusion de leurs propres études.
Sous la plume de Laurent Maisse, l’asbl Transit propose une analyse inédite de la problématique des traitements de substitution aux opiacés en Région de Bruxelles-Capitale. De quels types de traitements s’agit-il ? Combien de personnes sont-elles concernées ? De quelle manière les médecins et les pharmacies sont-ils impliqués dans la prescription et la délivrance de ces traitements ? Telles sont les questions auxquelles l’auteur tente de répondre en mobilisant diverses sources données, en concordance avec la ligne méthodologique définie par l’Observatoire.
Les données sur les problématiques d’assuétude sont, de coutume, principalement basées sur la consommation auto-rapportée via des enquêtes de santé. La spécificité de ce travail est de mobiliser la banque de données de l’INAMI mais aussi les demandes de traitement liées à l’usage de drogue, un indicateur de référence pour l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies collecté en Belgique par Sciensano1. L’analyse originale qui en découle participe aux objectifs de Bruxelles Prévention & Sécurité en ce qu’elle vise une meilleure connaissance des phénomènes impactant la sécurité des personnes et des biens. Cette approche multidisciplinaire – socio-sanitaire, de santé publique et de réduction des risques – doit permettre de développer des dispositifs de prévention fondés sur une analyse au niveau des communes et à l’échelle régionale.
Sur le plan de la santé publique, disposer de diverses possibilités de traitements de substitution permet de définir un projet de soins adapté pour chaque personne dépendante aux opiacés et de créer les conditions pour améliorer leur qualité de vie.
Sur ce point, comme le souligne l’étude de Transit, la législation belge pourrait encore être améliorée. Un autre point d’attention concerne la nécessaire collaboration entre les entités fédérées, étant donné la répartition des compétences en matière de santé, d’aide aux personnes et de prévention dans notre pays. Les communes ont également un rôle important à jouer pour la prévention des assuétudes. Elles bénéficient, pour ce faire, de l’appui de l’opérateur régional Transit et de Bruxelles Prévention & Sécurité.
En analysant la prévalence de patients sous TSO dans les 19 communes bruxelloises, l’étude montre l’importance quantitative de ce phénomène, souvent invisible aux yeux des Bruxellois : 3 personnes sur 1000 parmi les 18-64 ans sont sous TSO dans notre Région. Les consommateurs d’héroïne y sont plus nombreux, puisque tous ne font pas l’objet d’une prise en charge médicale. L’approche de la dépendance aux opiacés et de l’accessibilité des TSO proposée par Transit met en lumière la nécessité d’un accompagnement médical individualisé, qui participe à la diminution de la consommation d’opiacés de rue et réduit ainsi les activités délinquantes. En ce sens, afin de garantir une bonne accessibilité des TSO, aussi bien du côté des médecins qui les prescrivent que des officines qui les délivrent, une formation et une sensibilisation plus poussée du corps médical et paramédical à l’importance de ces traitements, dans une approche de réduction des risques, est à envisager.
Cette publication traduit notre volonté de partager ce travail de qualité dont les recommandations contribueront à améliorer une prise en charge appropriée. Nos remerciements vont à l’auteur, Laurent Maisse pour la réalisation de cette étude et aux collaborateurs de l’Observatoire pour leurs relectures et conseils.
Préface de Christine Rouffin, Directrice de l’Observatoire